La semaine dernière, nous vous avons parlé d’un large sondage lancé récemment par le Global Cannabis Cultivation Research Consortium (GCCRC) pour en savoir plus sur les cultivateurs de cannabis.
Le GCCRC utilise ces données pour promouvoir une réforme raisonnable du cannabis dans le monde entier.
Vous avez été extrêmement nombreux à répondre à l’appel du GCCRC, si bien que nous mettons à nouveau l’enquête en lien et vous expliquons un peu plus pourquoi elle est importante.
Si vous cultivez du cannabis et que vous souhaitez que les politiques en matière de drogues soient fondées sur des éléments concrets plutôt que sur de la pure idéologie, aidez-nous en répondant au sondage.
Pourquoi on a besoin de vous ?
Le vent du changement souffle.
Plus de 40 pays, de l’Argentine au Zimbabwe, ont légalisé le cannabis à usage thérapeutique, et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a suivi l’avis de l’Organisation mondiale de la santé qui conseillait de reclasser le cannabis dans le droit international en reconnaissance de son potentiel thérapeutique. Un nombre croissant de pays ont également dépénalisé l’usage récréatif du cannabis, y compris en autorisant la culture à domicile de cette plante. Une petite poignée de pays, et un nombre croissant d’États américains, sont allés plus loin en légalisant le cannabis récréatif sur des marchés réglementés. Au Canada et en Californie, le marché est florissant et génère d’importantes recettes fiscales pour les pouvoirs publics.
En Uruguay, l’industrie reste sous le contrôle de l’État. Mais dans tous les modèles, la légalisation du cannabis et le retrait du marché des mains du crime organisé réduisent les dégâts sociétaux. Par ailleurs, les consommateurs ne sont plus mis en danger par des produits non contrôlés.
En retirant le cannabis des mains du crime organisé, on réduit également les risques d’autres infractions graves comme la traite des êtres humains, l’esclavage moderne et les meurtrières luttes entre gangs et cartels. La pression exercée sur le système pénale est allégée et la menace d’une arrestation est écartée pour les centaines de milliers de personnes qui consomment du cannabis, mais qui sont par ailleurs des citoyens respectueux des lois. Les recettes fiscales peuvent financer les services de santé et des campagnes de sensibilisation aux drogues.
Les avantages de la légalisation sont nombreux, mais la majorité des pays maintiennent des lois prohibitionnistes strictes et des peines de prison potentiellement longues pour la culture du cannabis. Le vent du changement doit encore beaucoup souffler.
Nous avons fait ce qu’il fallait
Le GCCRC a lancé la première vague de cette vaste enquête en 2012, car nous estimions que le grand public – et les décideurs politiques – avaient généralement une vision très irréaliste des personnes qui cultivent du cannabis. Grâce à la contribution de plus de 6500 cultivateurs dans le monde, nos chercheurs ont pu publier plus de 20 articles scientifiques, qui ont contribué à remettre en question les stéréotypes sur les cultivateurs de cannabis. Voici quelques-unes de nos principales conclusions :
- Bien que la plupart soient de jeunes (l’âge médian de nos répondants était de 27 ans) hommes (92%), on trouve des cultivateurs de cannabis dans tous les groupes sociaux et démographiques. Il n’existe pas de “cultivateur stéréotypé”.
- La plupart des cultivateurs de cannabis sont des contribuables qui travaillent dur ; seuls 7 % sont au chômage. En outre, seuls 4 % ont commis des délits autres que leurs activités liées au cannabis. Il est donc faux de penser que les cultivateurs de cannabis sont en marge de la société, qu’ils fraudent le système ou qu’ils sont des criminels invétérés.
- Les cultivateurs de cannabis préfèrent cultiver en plein air, mais ils le font souvent en intérieur pour minimiser le risque. Cela varie selon les pays : 76 % des répondants britanniques et 80 % des répondants américains, mais seulement 33 % des Néerlandais et 17 % des Australiens, cultivent en intérieur. Les cultivateurs en intérieur utilisent un éclairage puissant et d’autres équipements spécialisés, ce qui engendre une forte empreinte carbone. Mais la culture en intérieur est souvent une réponse à la prohibition. La légalisation permettrait à davantage de personnes de cultiver en plein air.
- La plupart des cultivateurs restent petits, avec une moyenne de 5 plantes chacun (avec un pic à 9 plantes par cultivateur en Autriche et en Suisse, et seulement 3 en Belgique). Les cultivateurs ne cherchent pas à produire de grandes quantités – ils privilégient la qualité à la quantité !
- Comme le montre le tableau ci-dessous, la grande majorité des cultivateurs cherchent à réduire leurs dépenses et éviter le contact avec le marché illégal et les “vrais” criminels, pour contrôler la qualité et la puissance du cannabis qu’ils consomment, ou pour des raisons esthétiques, idéologiques ou altruistes. Seule une petite minorité de cultivateurs vendent du cannabis dans un but lucratif ; les gens ont tendance à se lancer dans la culture du cannabis pour éviter les marchés illégaux plutôt que pour devenir des trafiquants de drogue.
- Dans certains pays, l’utilisation d’engrais, de compléments et d’insecticides chimiques est très répandue (par exemple, 35 % des cultivateurs danois, 45 % des cultivateurs australiens et 61 % des cultivateurs britanniques). Malheureusement, beaucoup de ces produits sont mal étiquetés et contiennent des ingrédients nocifs. Il est inquiétant de constater que de nombreux producteurs (26 % des Danois, 41 % des Australiens et 61 % des Britanniques) pensent que le “rinçage” est un moyen efficace d’éliminer les résidus chimiques. Ce n’est pas le cas ! Les cultivateurs de cannabis peuvent être impliqués par inadvertance dans des pratiques de culture dangereuses en raison de la désinformation.
16 raisons de cultiver du cannabis : | Australie | Autriche | Belgique | Canada | Danemark | Finlande | Allemagne | Pays-Bas | Suisse | Royaume-Uni | États-Unis | Total |
La culture me fournit du cannabis pour mon usage personnel | 89 | 90 | 79 | 76 | 86 | 90 | 84 | 76 | 87 | 93 | 76 | 84 |
La culture du cannabis me procure du plaisir | 78 | 87 | 84 | 78 | 80 | 84 | 86 | 85 | 94 | 82 | 76 | 83 |
La culture me permet de me procurer du cannabis bon marché | 72 | 80 | 79 | 92 | 60 | 73 | 74 | 64 | 71 | 84 | 90 | 75 |
Pour éviter les contacts avec les milieux criminels | 66 | 85 | 66 | 54 | 80 | 81 | 77 | 36 | 63 | 83 | 57 | 72 |
Le cannabis que je cultive est plus sain que celui que j’achète | 67 | 76 | 67 | 56 | 68 | 62 | 82 | 63 | 77 | 75 | 60 | 68 |
Je trouve les plantes de cannabis jolies | 56 | 68 | – | 68 | 58 | 49 | 64 | – | 70 | 65 | 70 | 48 |
Pour me procurer le cannabis dont j’ai besoin pour des raisons médicales | 54 | 41 | 19 | 56 | 43 | 53 | 35 | 42 | 26 | 53 | 81 | 44 |
Le cannabis que je cultive est de meilleure qualité que le cannabis que je peux acheter. | 45 | 41 | 15 | 56 | 29 | 49 | 45 | 24 | 42 | 66 | 60 | 41 |
Pour pouvoir le partager avec mes amis | 37 | 35 | 41 | 70 | 44 | 41 | 30 | 44 | 37 | 26 | 59 | 40 |
Pour des raisons idéologiques (exemple : idéologie écologique, commerce équitable) | 28 | 41 | 40 | 29 | 34 | 44 | 43 | 32 | 41 | 31 | 35 | 38 |
Je peux rincer le cannabis que je cultive pour éviter les résidus chimiques | 41 | 56 | 21 | 64 | 26 | – | 50 | 25 | 49 | 61 | 57 | 33 |
La culture du cannabis est moins risquée que son achat | 35 | 28 | 36 | 44 | 30 | 23 | 26 | 8 | 22 | 40 | 41 | 30 |
Le cannabis que je cultive est plus puissant que le cannabis que j’achète | 20 | 15 | 10 | 49 | 26 | 17 | 21 | 12 | 18 | 28 | 55 | 23 |
Pour fournir à d’autres du cannabis thérapeutique | 20 | 14 | 8 | 38 | 18 | 17 | 13 | 15 | 16 | 18 | 49 | 18 |
Le cannabis que je cultive est plus doux que celui que je peux acheter. | 12 | 8 | 24 | 10 | 11 | 5 | 10 | 16 | 16 | 12 | 9 | 12 |
Pour le revendre | 9 | 7 | 8 | 33 | 5 | 14 | 7 | 14 | 8 | 9 | 28 | 11 |
Adapté dePotter et al., (2015). Note: les valeurs citées sont des % de répondants choisissant chaque raison. La question demandait aux répondants de cocher toutes les options qui s’appliquent. Un ‘-‘ indique que le choix de l’option n’était pas disponible dans ce pays.
Le sondage de 2021
Nous revenons donc vers vous aujourd’hui, en 2021, avec une enquête plus poussée, disponible dans plus de pays et de langues, et mieux adaptée à ce qui se passe actuellement dans le monde. Aidez-nous à continuer à lutter contre les politiques prohibitionnistes infondées en y participant.
Pour en savoir plus et participer à nos recherches, cliquez ici.
Toutes les réponses à l’enquête sont strictement anonymes, nous ne demandons pas de données personnelles et nous n’enregistrons PAS votre adresse IP.
Si vous avez des questions ou si vous souhaitez en savoir plus sur les recherches que nous avons publiées jusqu’à présent, veuillez envoyer un email au Dr Gary Potter, de l’université de Lancaster, à l’adresse g.potter2@lancaster.ac.uk ou visitez notre site web.